Lifting par fils tenseurs : réponse à l’article du ELLE

Je souhaite rétablir ici certaines vérités, parfois contrariées par cet article traitant du lifting par fils tenseurs, publié en Septembre 2014 sur la revue web du Magazine ELLE.

Ma démarche ne s’inscrit, en aucun cas, dans un esprit vindicatif envers l’auteur ou les spécialistes interrogés. Il est tout à fait compréhensible qu’une technique, encore peu dispensée et médiatisée, soit soumise à un ensemble d’analyses contradictoires et parfois approximatives.
Il en va de même quant à certaines interventions pourtant bien plus éprouvées. Néanmoins, comme tout médecin ayant prêté le serment d’Hippocrate, je me dois d’essayer de rétablir des faits scientifiques et médicaux pour que les patients puissent porter un jugement éclairé sur le lifting par fils tenseurs, comme pour toute autre pratique de médecine esthétique.

Afin d’éclaircir son propos, je ne traite pas ici des fils de maillage cités dans l’article. Il est très bien expliqué par le Dr Cartier que ces fils n’ont aucune vertu pour remonter les tissus graisseux sous-cutanés affaissés. Ils ne consistent donc pas en une procédure qualifiable de lifting mais de réhydratation de la peau.
C’est pourquoi je m’en tient aux fils tenseurs permanents, que l’on peut également dénommer fils de suspension ou de fils crantés non résorbables.

Les fils tenseurs ont un réel pouvoir de traction et empêchent les tissus graisseux de continuer à s’affaisser :

Avec les années, les loges graisseuses du visage (pommettes et joues) s’affaissent progressivement dans les tiers moyen et inférieur de la face. Ce vieillissement crée ainsi une déformation de l’ovale, de la ligne mandibulaire et fait apparaître des sillons nasogéniens.
Ce phénomène est dû au relâchement progressif de notre tissu constitutif (fait de 80 % de fibres de collagène et de 20 % de fibres d’élastine), qui maintenait autrefois parfaitement cette graisse.

Le rôle des fils tenseurs est alors de suppléer ce tissu conjonctif et de le remplacer en s’accrochant aux lobules graisseux pour empêcher qu’ils s’affaissent.
Toutefois, a contrario de notre tissu conjonctif qui perd en qualité avec les années, le fil tenseur est permanent et conserve donc son efficacité dans le temps. La graisse reste ainsi positionnée là où se trouvent les fils et ne peut plus glisser vers le bas du visage.

Voilà en quoi les fils permanents ont une réelle action et permettent de contrer de façon durable la descente des tissus graisseux.

Les fils tenseurs conservent leur action « lifting » et ne s’affaissent pas avec les tissus graisseux :

La qualité du fil tenseur utilisé et la technique de pose associée permettent d’assurer un maintien des fils exactement là où le praticien les a implantés originellement. Il ne peut en être autrement si le fil utilisé dispose des qualités nécessaires, dont un crantage doux mais efficace.

Si ce n’est pas le cas, le fil tenseur employé est probablement déficient.

Certaines affirmations de l’article du ELLE Magazine sont donc scientifiquement erronées.
« Scientifiquement » car contrairement à ce qu’il affirme plus loin (concernant les fils résorbables en faisant penser qu’il en est de même pour les permanents), des études sur l’efficacité de ce lifting médical sans chirurgie existent.

Les études sur le lifting sans chirurgie par fils tenseurs :

En 2010, j’ai présenté aux EMAA (Masters Européens de Médecine Esthétique et Anti-Âge) de Paris, une « étude rétrospective multicentrique sur l’efficacité et l’innocuité des fils tenseurs permanents » portant sur 110 patients suivis pendant 2 ans. Cette étude a démontré l’efficacité parfaitement conservée de ce lifting médical. Elle a aussi montré qu’aucune complication n’est observée (aucun granulome notamment) hormis une possibilité d’infection apparue dans 0.9% des cas (c’est-à-dire sur 1 seul patient parmi les 110 étudiés). Ce pourcentage, afférent à toute intervention médicale comportant une pénétration de corps étranger, n’est en aucun cas spécifique au lifting sans chirurgie par fils tenseurs.

Par ailleurs, l’efficacité prouvée par ces études ne contredit pas l’affirmation du Dr Volpei : il est vrai que dans certains cas, la combinaison des fils tenseurs et des injections apporte un meilleur résultat.

Les suites post-opératoires immédiates du lifting par fils tenseurs :

Dans l’article, il est fait mention de « fossettes », à l’endroit où le praticien « a ressorti et coupé les fils tenseurs, et parfois des mini-plis devant l’oreille pendant plusieurs jours. »

Je souhaite ici spécifier le caractère tout à fait « évitable » de ces suites. En effet, elles sont le fruit d’une pose insatisfaisante du praticien. Il est du rôle du médecin ou du chirurgien esthétique de parfaitement positionner les fils tenseurs et d’effectuer les derniers réglages à la fin de l’intervention, de façon à ce qu’il n’y ait ni fossette ni mini-plis, avant de laisser repartir son patient.
Il n’existe aucun cas pour lesquels ces réglages ne soient pas possibles ; ces complications sont absolument évitables.

Le savoir-faire et la formation du praticien jouent un rôle prépondérant dans la perfectibilité de ces suites. Il en va de même concernant la sensibilité des fils tenseurs sous la peau. Les fils permanents restent impossibles à déceler, y compris en effectuant certaines mimiques ou grimaces, à moins qu’ils n’aient été posés trop en surface.

Pourquoi ne peut-on pas comparer cette technique avec les injections ?

« Quand un traitement marche parfaitement, comme les injections de toxine botulique, il s’impose tout de suite. Cela n’a pas été le cas pour les fils tenseurs… ».

Malheureusement, comparaison n’est pas raison. Si la toxine botulique est une molécule, le lifting sans chirurgie par fils tenseurs est l’alliance d’un produit, d’une technique de pose, et du savoir-faire d’un praticien. Il a donc fallu effectuer des essais quant au fil en lui-même, à la forme de ses crans, à la façon de l’implanter, au trajet qu’il devait suivre, à sa profondeur d’implantation ou encore à la force de tension à exercer.

Il apparait évident qu’une technique comme celle-ci ne peut atteindre le même niveau de maturité qu’une simple molécule en un laps de temps identique. A fortiori lorsque l’on sait que la qualité du lifting médical se juge sur des résultats à long terme et oblige à attendre avant de parvenir à un retour sur expérience pertinent, comme celui dont nous disposons aujourd’hui. Le Botox, quant à lui, produit un résultat quasi immédiat et disparait en quelques mois. Il a d’ailleurs été introduit en France en l’an 2000, ne s’est réellement développé qu’à partir de 2004, et a été obligé de se renommer « French Botox » pour s’opposer à la pratique d’injection américaine qui figeait beaucoup trop les expressions du visage.

Une alternative au lifting chirurgical ?

Le lifting médical par fils tenseurs évolue encore aujourd’hui et s’améliore d’années en années, même s’il a déjà atteint des résultats de très grande qualité. En effet, les fils permanents permettent d’obtenir des résultats comparables au lifting chirurgical, sans pâtir des traumatismes ou des risques liés au bistouri. Cette qualité reste la même chez le patient de 30 ans ou celui de 60 ans, qu’il ait ou non eu recours à la médecine esthétique, et que sa peau soit fine ou lourde.

J’ai conscience que les passages de l’article auxquels il fait référence concernent surtout les fils tenseurs résorbables, mais il était nécessaire d’apporter ce type de précision au sujet des fils permanents (car l’amalgame perdure encore sur la toile).

Enfin, s’il est très appréciable mais trop rare de lire que « les fils exigent une bonne connaissance de l’anatomie puisqu’il faut les positionner au bon endroit pour un résultat naturel et sans asymétrie », il est faux d’insinuer qu’en France, cette connaissance ne s’accompagne jamais d’une grande expérience puisque « la commercialisation de ces fils est récente ». Comme d’autres praticiens, je pose des fils permanents ou résorbables depuis plus de 13 ans et pense disposer de la légitimité suffisante pour l’écriture de ce droit de réponse (article écrit en 2015).

À très bientôt,
Docteur Jean-Paul Foumentèze – Médecin Esthétique à Nice